Le charbon des mariniers 6

Lorsque nous rentrions à la maison, nous faisions le partage du charbon. Chacun son du, d'autant que nous ramenions parfois jusqu'à trois chargements dans la matinée. Pas la peine d'expliquer que nous étions sur les rotules après cela. Nous étions comme broyés, et tous plus sales les uns que les autres! Durant tou ce temps-là, notre mère avait fait chauffer de l'eau dans de grandes lessiveuses, sur le feu dans la buanderie. Chacun notre tour, nous allions nous débarbouiller et ça n'était pas du luxe! L'eau du bain était noire comme de l'encre! Alors, pour terminer, propres comme des sous neufs, nous avions le droit de prendre un apéritif, un vrai bienfait pour nos gorges sèches. Nous étions tout simplement heureux de cette journée, d'autant que cela ne nous avait pas coûté trop cher et que l'on avait de quoi maintenant se chauffer pour un bon bout de temps! Et aussi il est utile d'ajouter que nous ne nous étions pas faits prendre par les gardes du canal, car il faut avouer que c'était un peu frauder tout de même. Les mariniers n'avait pas le droit de vendre ces restes de charbon et de ce fait, nous n'avions pas le droit de le racheter non plus. Merci à Pierrot pour cette charbonneuse histoire.